vendredi 22 mai 2009

Immortalité et sénescence

La sénescence est le terme scientifique pour désigner la vieillesse. Plus précisément, pour désigner l'ensemble des dysfonctionnements apparaissant avec l'age. D'un point de vue évolutif, vieillir pour mourir est un avantage pour une espèce : on laisse ainsi la place à une nouvelle génération, porteuse d'un pool génétique légèrement différent, en théorie légèrement mieux adapté. On a tendance à penser aux êtres vivants de la même façon que l'on pense à une voiture : ça s'use, ça a une durée de vie limitée, ça doit mourir au bout d'un moment. Que nenni ! Une des caractéristiques de base de la vie est sa capacité à se réparer et maintenir sa structure. Il est courant que la sénescence soit absente des formes de vie les plus simples comme certains champignons ou certaines bactéries. Ce n'est qu'une fois un certain niveau de complexité d'un organisme atteint que la sénescence apparait, sans laquelle cette complexité ne saurait croître au gré des générations.



Il y a pourtant des exceptions. Parmi les oubliés de la vieillesse figurent les tortues géantes des Galapagos. Ces animaux peuvent vivre plus de 150 ans (on manque de registres pour des périodes plus longues). La photographie de gauche montre Harriet, la tortue adoptée par Charles Darwin et qui est morte en 2006. Son âge était estimé à 175 ans. Est ce que ces animaux n'auraient pas simplement une vieillesse plus lente ? Après tout les tortues ne sont pas connues pour leur célérité à quoi que ce soit... Eh bien non, on ne le pense pas : elles restent fertiles tout le long de leur vie, caractéristique que n'ont pas les autres être vivants qui perdent leur fertilité au début de leur période de sénescence. Il faut croire que l'évolution a jugé que les tortues géantes des Galapagos avaient suffisamment de raisons naturelles pour mourir et qu'il n'était pas nécessaire de leur infliger la vieillesse en supplément.

Pourquoi est ce que ça m'intéresse ? Parce que je n'arrête pas de m'entendre rétorquer que la mort et la vieillesse sont des choses naturelles, dans l'ordre cosmique des choses et que des projets comme SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) ou la souris Mathusalem sont des pertes de temps. Car il existe des médecins, des biologistes, des gérontologues pour considérer la vieillesse comme une maladie, comme un dérèglement qu'il convient de corriger. Le but du projet SENS est de vivre jeune au delà de 80 ans. Les critiques que l'on formule à l'encontre de ce projet sont rarement d'ordre scientifique mais philosophique. Ca peut aider de savoir que la nature tolère depuis longtemps des créatures apparemment immortelles.

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